Réflexion pour agir auprès des personnes arabo-musulmanes dans une perspective de justice sociale et de lutte contre le racisme

 

Au vu des stigmatisations et discriminations que subissent actuellement les personnes musulmanes ou assignées à cette religion, et de tous les autres processus qui empêchent l’émancipation et la justice sociale, les membres de Tabadol s’interrogent sur la façon dont, en tant que structure d’éducation populaire et politique, ils/elles peuvent agir comme allié-es des personnes et communautés musulmanes en France aujourd’hui.

A l’automne 2015, l’association Tabadol a commencé à s’intéresser d’une façon plus spécifique à la question de l’islam en France. Bien qu’aucun-e membre de l’association ne soit musulman-e, nous nous sentons concerné-es par ce sujet qui prend une grande place dans notre société, avec d’une part l’adhésion inquiétante de personnes à une pratique violente se revendiquant de cette religion, et d’autre part avec le renforcement éhonté des discriminations à l’égard des personnes musulmanes ou assimilées à cette pratique religieuse. Un groupe de travail s’est alors formé pour investir la question.

Lors du premier semestre 2016, nous avons mené deux soirées intitulées « Interroger nos visions de l’Islam» afin de déconstruire les préjugés sur l’islam et permettre aux participant-es d’acquérir une grille de lecture complexe et critique du discours médiatique et politique sur le sujet.

En parallèle à ces actions, Juliette Mareshal, étudiante en anthropologie, a effectué un stage avec pour mission de nous aider à mieux comprendre les réalités vécues et observées par certains acteurs de terrain, en lien avec les questions de l’islam et de la radicalisation. Juliette a ainsi rencontré ou étudié le travail d’associations de quartier, d’éducateurs de rues ou encore d’associations issues de communautés musulmanes ou travaillant sur ces thématiques.

Cette recherche a mis à jour plusieurs éléments que l’on doit prendre en compte si l’on veut élargir les perspectives de compréhension de certaines formes de pratique violente de l’islam et se prémunir d’une lecture simplificatrice. Parmi ces éléments, nous citerons :

– le manque d’espace de parole pour les jeunes ainsi que leur manque de possibilité d’action et de légitimité à agir ;

– l’existence chez elles et eux de questionnements relatifs à l’identité et aux identités qui leurs sont assignées

-une méconnaissance de la religion musulmane chez beaucoup de jeunes, dans un contexte où la place des musulman-es en France est perpétuellement évoquée à travers les médias

Nous avons alors pu affiner notre questionnement et préciser notre posture, que nous formulons à travers la question suivante :

« Au vu des réalités de stigmatisations et discriminations subies par les personnes musulmanes ou assignées à cette religion, et de tous les autres processus empêchant l’émancipation et la justice sociale, comment agir en tant qu’allié-es des personnes et communautés musulmanes en France aujourd’hui, en tant que structure d’éducation populaire et politique ? ».

Nous tâchons de répondre à cette question par un aller-retour entre réflexions internes, échanges avec des partenaires, et mise en place d’actions concrètes, comme les ateliers de pensée critique, que nous concevons comme un outil dont les groupes de personnes qui le souhaitent peuvent se saisir afin de déconstruire les idées reçues dont elles sont victimes.

Enfin, nous sommes très intéressé-es pour rencontrer les personnes qui mènent des actions ou des recherches en ce sens, afin de continuer à penser et agir ensemble, au service de la justice sociale.