Glocary

Au-delà de l’outil institutionnel, la langue n’est-elle pas avant tout aussi plurielle que les personnes qui l’utilisent ? Dans cette pluralité s’épanouissent des espaces intimes qui existent et communiquent ensemble. Ce champ d’investigation est le résultat d’une question : les mots peuvent-ils être une signification d’appartenance ? Est-ce qu’une parole peut illustrer le processus d’appropriation personnelle et émotionnelle de la langue? Est-ce que les individus ont des mots qui peuvent témoigner de cet apprivoisement de la langue ?

Une oeuvre d’art participative

GLOCARY est une œuvre d’art participative de l’artiste italienne Simona Da Pozzo combinant plusieurs disciplines : l’art visuel, l’écriture et l’ethnologie. Glocary, le « Glossaire Glocal », est une archive de mots utilisés par des personnes pour indiquer des situations, des émotions, des actes spécifiques pour lesquels il n’y a pas d’équivalent dans le dictionnaire. Le projet est mené dans plusieurs pays : en Italie, en Allemagne et au Liban.

Glocary à Beyrouth

_MG_1509Tabadol a collaboré au volet libanais du projet. Deux résidences de travail ont lieu en 2015 : dix jours à Beyrouth et une semaine à Milan. Ces deux résidences ont permis de réaliser des entretiens à Beyrouth, des travaux de recherche sur la langue et ses déclinaisons au Liban, ainsi que des rencontres avec des professionnel-les de la phonétique, de la calligraphie et du graphisme. Les entretiens ont creusé la question de l’usage de différentes langues dans le quotidien, des mots particuliers, du rapport à l’arabe et au « libanais ». Ce travail a abouti à l’exposition « Paysages, Intervalles et Pauses » présentée à l’Institut français de Beyrouth en mai 2016, mettant en scène les différents entretiens mêlant du libanais, de l’anglais, du français, de l’arménien… Cette exposition a permis de mettre en valeur la richesse linguistique au Liban et sa complexité qui la situe complètement en dehors des normes linguistiques « habituelles ».
Un des éléments de l’exposition était de publier des extraits des entretiens qui ont été réalisés avec les différentes personnes et montrer les différents rapports aux langues et à des mots particuliers, via un focus très subjectif, des histoires et des vécus. Chaque personne en fonction de ses origines, de là où elle a grandit, de ses expériences de vie… vit et s’approprie la langue différemment. L’idée est de questionner le concept de l’institution linguistique et de mettre en avant le fait que la pratique d’une langue ne peut pas être délimitée dans une frontière linguistique décrite dans un dictionnaire. Nous cherchons ainsi à mettre au centre de la pratique les personnes comme protagoniste de l’invention linguistique.